De Trogir à Dubrovnik à la voile
(10 au 17 juin 07)
Ils sont venus nombreux cette année, les Cotébiens : « Manchots » d’ Antony et « Pingouins » de St Denis (selon la terminologie locale…) prêts à quitter leur banquise pour les mers chaudes du sud, avec leur douce amie ou l’homme de leur vie !
En tout 31 personnes : BRAVO aux organisateurs !
Mais parmi eux, surtout des pirates, armés jusqu’aux dents, dont chaque jour il fallait flairer et déjouer les pièges :
cordages attachés dans les voiles (oui, mais pas au bon endroit !) ; seau lesté d’une pierre attaché sous la quille (essayez d’avancer avec ça !) ou bien votre annexe éloignée du rivage alors que vous êtes paisiblement à terre en train de siroter une bière ou un coca (on n’a pas arrêté !) …
et j’en passe : ils ont de l’imagination, les bougres !
Alors forcément il y a eu des représailles : les pavillons noirs ont été hissés et les seaux d’eau nombreux : il a beaucoup plu en baie de Korçula sous le soleil ! Quelle joie de voir l’ennemi harcelé fuir la menace, virer précipitamment et … laisser tomber à l’eau son matériel …qu’un preux chevalier, du bout de sa lance, repêche prestement et lui rend : quel panache !
La Croatie, ils ne l’ont pour la plupart jamais visitée mais tous en ont rêvé : certains poursuivent ainsi leur tour de Méditerranée après la Corse, la Turquie et la Grèce.
Ici encore, l’Histoire a laissé ses empreintes : Venise n’est jamais loin, qui a semé sur la côte dalmate des palais, des comptoirs, des églises ou des monastères…
On a aimé Trogir, ville médiévale aux rues étroites et au marché coloré, et puis aussi, Korçula, bastion fortifié qui vit naître Marco Polo…
Dubrovnik, la bien nommée « Perle de l’Adriatique », s’offre aux regards bien à l’abri des hautes murailles de sa forteresse, « ville close » qui fait penser à St Malo en plus doré, en plus chaud : « italienne » en somme ! Ses pavés ont été foulés tant de fois depuis des siècles qu’ils brillent comme un plancher ciré !
Ce qui frappe lorsqu’on arrive par la mer, c’est cette profusion d’îles, îlots ou cailloux, souvent arides et caillouteuses, parfois plantées de pins qui exhalent leur baume dans l’air chaud : Braç, dont les pierres ont construit la Maison Blanche ; Hvar ; Mljet ; Korçula…et tant d’autres.
De belles criques attendent le marin fourbu qui se jette dans l’eau turquoise ou bleu lagon (une fois n’est pas coutume !) pour se délasser (se décrasser parfois entre deux marinas !) : rappelez-vous Bobovisce, au fond d’une ria, quasi invisible depuis le large…
La lavande ou le romarin abondent et sont à Hvar l’objet de tout une industrie : parfums, huiles aromatisées, sachets parfumés etc…
La vigne produit ici des vins capiteux et fruités qu’un bon Français ne saurait renier, accompagné de « prsut » (jambon fumé) servi avec le fromage local, un brebis sec le paski sir, façon osso irati basque : le tout quasi imprononçable…mais tellement bon !
Et puis il y a bien sûr le poisson grillé servi dans une sauce à l’huile d’olive à l’ail : et si rien n’arrête les gourmands, l’arête, elle, sait se frayer une (fausse) route en travers du gosier du gourmet ! Plus de peur que de mal heureusement !
Ohé du bateau !
Je n’ai rien dit encore du frêle esquif qui nous a mené en bateau durant ces 8 jours : un Océanis 393 de chez Bénéteau, le pape de la plaisance (soit approximativement un 13m, pour le commun des mortels).
A bord, en moyenne 8 personnes réparties dans 3 cabines et le carré : pas de quoi danser le sirtaki ou la java !
La voile, c’est idéal pour se faire une musculature de rêve car, pour aller à pleine vapeur, il faut du vent et…de l’huile de coude ! Et croyez-moi, tirer sur les écoutes *, ça vous fait le biceps radieux… mais le dos en bouillie, surtout par vent fort !
*Il faut savoir qu’à bord, il n’y a pas de « cordes » (alors même qu’on s’y prend toujours les pieds dedans !). « La seule corde, c’est celle de la cloche ! », qu’on se le dise : on nous l’a assez répété, sans préciser qui était la cloche d’ailleurs !
On a même trouvé le temps de régater à l’amiable, tellement aimables qu’on s’est fait brillement remonter par des quidams plus marins que nous ! Rageant non ?
Un dernier mot pour évoquer cette rencontre dans la baie de Polace avec un marin charmant, second sur un modeste - mais fameux ! - 3 mats de… 44m, ex-Vendredi 13 de Malinovski (vous savez bien, celui qui, pas si malin que ça, a perdu, lui aussi sur le fil, la première Route du Rhum remportée par Mike Birch avec 1mn 38s d’avance en 1978 !).
Aujourd’hui le bateau s’appelle Friday Star : sa coque gris acier immatriculée à Londres, sort tout juste d’une réfection totale et son heureux propriétaire, richissime homme d’affaires français, peut compter sur l’équipage pour couler des heures douces à bord…
Vous ai-je dit que notre Oceanis rentrerait tout entier dans la cabine du boss ? Ca vous rend vaguement envieux ?
Allez, on va simplement en parler à la Direction pour les prochaines vacances !
En attendant, je vais brosser le pont. Salut et à bientôt à bord !
Florence et Marc Limouse